Dunhuang, étape sur la route de la soie

Après la découverte du nord du Xinjiang, je prends la direction du désert de Gobi. Mais avant cela, je fais une courte étape à Dunhuang, petite ville au milieu du désert dans la province du Gansu et ancienne étape de la route de la soie. Dunhuang est une ville qui possède certains atouts touristiques dont les grottes de Mogao, classées au patrimoine de l’UNESCO…

D’Urumqi à Dunhuang

Pour se rendre à Dunhuang, il y a le train ou l’avion. Les prix variant du simple au quintuple, le train peut être un bon choix, d’autant qu’on peut prendre comme c’est mon cas un train de nuit d’une durée de dix heures environ.

Les paysages en train sont quasi-désertiques. J’arrive le lendemain matin en gare de Liuyuan. Ce train qui assure la liaison Urumqi à Pékin ne passe pas en gare de Dunhuang. Qu’a cela ne tienne, en sortant de la gare de Liuyuan, de nombreux chauffeurs proposent le trajet jusqu’à Dunhuang. En partageant un minivan avec d’autres voyageurs, on obtient un prix très bas. Il y a entre deux et trois heures de route au milieu du désert jusqu’à Dunhuang.

Dunhuang est une toute petite ville (moins de deux cent mille habitants). Historiquement, elle est à l’origine un poste de contrôle sur la route de la soie. De par sa situation géographique, elle fut tour à tour sous domination tibétaine, mongole et chinoise. Elle est un carrefour culturel : les grottes de Mogao sont des vestiges bouddhistes. Aujourd’hui, l’islam est très présent, en témoigne la mosquée du centre ville, sur laquelle j’avais une vue idéale depuis mon hôtel :

Mosquée de Dunhuang

La route de la soie

La route de la soie, un peu comme la route du thé et des chevaux, est en fait un réseau d’une multitude de routes commerciales. Le départ était à Xi’an, qui s’appelait alors Chang’an et l’arrivée à Antioche dans la Turquie actuelle.

La route de la soie transportait bien sûr de la soie, mais aussi de nombreuses autres marchandises moins précieuses. Elle aurait été active depuis le milieu du premier millénaire avant J-C, et jusqu’au 15ème siècle environ  (après, de nouvelles routes maritimes se sont développées) .

En plus de transporter des marchandises, elle eut aussi un grand rôle dans l’échange culturel entre l’Occident et la Chine. C’est par cette route qu’ont transité les inventions chinoises comme la boussole et la poudre à canon. Inversement, le bouddhisme a été introduit par cette route en Chine, de même que le christianisme (nestorien) puis l’islam.

La Chine et les autres pays concernés projetteraient de construire une nouvelle route de la soie, une voie rapide partant de Xi’an ou même de la région de Shanghai, traversant l’Asie centrale jusqu’en Europe. Elle favoriserait le commerce par voie terrestre, alors que l’écrasante majorité des échanges se font actuellement par mer.

Le désert à Dunhuang

Dunhuang est située dans la région faisant la jonction entre le désert de Gobi (qui s’étend principalement en Mongolie, Mongolie Intérieure et Gansu) et le désert du Taklamakan, qui recouvre le sud du Xinjiang.

Si vous êtes un grand amateur de désert, ce n’est peut-être pas à Dunhuang qu’il faut aller, mais pourquoi pas pour une introduction au désert. En effet, il est possible d’accéder au désert à quelques kilomètres seulement du centre-ville. C’est un désert de sable formant de grandes dunes.

Désert de Mingsha, Dunhuang

Localement, le désert est appelé Mingsha (鸣沙). Ce nom signifie « sable chantant ». Le site majeur présent dans ce désert est la source du croissant de lune (月牙泉, yue ya quan), qui est une petite oasis naturelle en forme de croissant. Cette oasis est tout à fait fabuleuse, perdue entre les dunes de sable.

Croissant de lune Dunhuang

Le site a été très menacé au cours du 20ème siècle, perdant beaucoup en superficie et en profondeur. Les autorités locales en ont pris la mesure dans les années 90 et ont œuvré pour restaurer le niveau de l’oasis. Aujourd’hui le site n’est plus menacé, mais a assurément perdu de son charme, car il est l’objet d’un tourisme de masse.

Source croissant de lune Dunhuang

Ainsi ce site fragile, comme beaucoup d’autres en Chine,  fait à la fois l’objet de protection et de tourisme de masse, principalement de Chinois (très peu d’étrangers ici). La zone d’accès au désert est bien sûr payante et sur place, des activités touristiques sont proposées comme des tours en 4×4, des tours en ULM, ou encore à dos de chameaux, sur lesquels se précipitent les touristes chinois de façon industrielle :

Touristes et chameaux, désert de Dunhuang

Encore un fois, ce lieu est parfait pour avoir un aperçu sur le désert, pas si vous voulez l’explorer. Pour cela, le mieux est d’aller en Mongolie Intérieure (à découvrir dans mon prochain article)

Les grottes de Mogao

Les grottes de Mogao sont la vraie raison pour laquelle il faut venir à Dunhuang. Le nom chinois du site est Mogaoku (莫高窟) qui signifie grottes de hauteur inégale. En effet, ce site qui a été classé patrimoine à l’UNESCO en 1987, est composé de près de cinq cents temples bouddhistes creusés dans des grottes de tailles diverses dans la falaise.

Les grottes ont été creusées et occupées entre les 4ème et 14ème siècle environ, la période la plus faste étant la dynastie Tang (618-907). Dans certaines grottes, on distingue clairement les différents styles de décoration, correspondant aux différentes époques.

Ici, la grotte la plus grande, grotte n°96, abritant une gigantesque statue de Maitreya, le bouddha du futur.

Grottes de Mogaoku, Dunhuang

Il est interdit de prendre des photos à l’intérieur des grottes. Toutefois, voici à quoi ressemble l’intérieur de la grotte n°46 où se trouve un grand bouddha allongé.

Intérieur grotte de Mogaoku

Les grottes les plus connues sont les n°16 et n°17. En 1900, Wang Yuanlu, ermite qui travaillait à la restauration de la grotte n°16 (vue de l’extérieur ci-dessous) découvrit une ouverture cachée dans le mur  à l’entrée. Derrière, il y a un espace (la fameuse grotte n°17)  contenant des dizaines de milliers de documents, peintures et autres trésors bouddhistes. On l’appela plus tard la « bibliothèque murée ».

Grottes de Mogaoku, Dunhuang

Après cette découverte, de nombreux explorateurs vinrent à Dunhuang, notamment le sinologue français Paul Pelliot. Beaucoup de document furent achetés (à très bas prix) et sont présents aujourd’hui au musée Guimet à Paris, ainsi qu’au British Museum à Londres (exploration de Sir Aurel Stein).

En dehors de ces quelques grottes célèbres, il y a aussi de nombreuses petites grottes moins spectaculaires. Toutefois, très peu de grottes peuvent être visitées. Pour se rendre sur le site, vous devez être accompagné d’un guide qui vous fera la visite en groupe. Il vous conduira dans les grottes principales plus quelques autres grottes (il ouvrira pour la visite puis refermera à l’issue). Le tourisme de masse ayant dans les années précédentes fortement dégradé l’intérieur des grottes, les autorités ont été évidement contraints d’en limiter l’accès. Beaucoup de grottes font actuellement l’objet de restauration et de recherches archéologiques.

Dans le prochain épisode

Dans le prochain épisode, mes pas me conduiront dans le désert de Gobi en Mongolie Intérieure, où j’ai fait un trek de plusieurs jours…

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