Mon avis sur le Tibet d’aujourd’hui

Après mon récit de voyage au Tibet, je tenais absolument à vous livrer ma vision du Tibet d’aujourd’hui, tel qu’il est intégré dans la République Populaire de Chine. J’attendais aussi d’avoir visionné l’épisode d’Enquête exclusive diffusé le 25 Mai sur M6 et intitulé sobrement Tourisme et dictature, bienvenue au Tibet, afin de confronter mon point de vue au point de vue d’une équipe de journalistes.

Ceux qui me connaissent savent que j’aime aller à contre-courant des idées communes, je vais le prouver en vous expliquant pourquoi je pense que le Tibet a tout intérêt à rester chinois. Je précise qu’il ne s’agit là que d’une opinion personnelle, que je vais essayer de justifier le plus possible avec des arguments objectifs. Je précise aussi que la question tibétaine est extrêmement complexe, et que ni un documentaire, ni cet article ne peut prétendre aborder le sujet sans une certaine partialité ou en tout cas simplification. Désolé pour ceux qui aiment les articles courts, je vais quand même m’étaler beaucoup…

Dans l’imaginaire des gens en Occident, le Tibet est un pays occupé par la Chine, où des moines s’immolent de temps en temps par le feu, et dont le chef spirituel est le 14ème Dalaï-lama qui jouit d’une aura de paix et de sainteté. il n’y a qu’à taper le mot « Tibet » dans Google, ou sur Twitter, Facebook, etc, pour découvrir du contenu faisant à l’appel à l’indépendance du Tibet. Dans les rares documentaires parlant du Tibet, on parle toujours des méchants Chinois venus coloniser les gentils Tibétains. La plupart du temps, les auteurs de ces documentaires, pseudo-journalistes, montrent par leurs omissions, exagérations ou mises en scènes, leur méconnaissance du sujet voire leur subjectivité (le pire dans le genre est Voyage au Tibet interdit de Priscilla Telmon). Je ne vais pas démonter point par point les différentes malhonnêtetés intellectuelles qui m’exaspèrent, je vais me concentrer sur la question de l’indépendance du Tibet.

Un Tibet ou des Tibet ?

Si le Tibet devait être indépendant un jour, quelles en seraient les frontières ? Voici une question très simple qui peut introduire un débat infini. Il existe en effet plusieurs régions historiquement tibétaines. Ce qu’on réduit sous l’appellation Tibet, c’est souvent seulement la province de Chine dont le nom officiel est « Région autonome du Tibet » (R.A.T). Au passage, c’est la division qu’a choisi le Guide du Routard, en mettant la R.A.T séparément de la Chine, dans un livre avec le Népal. Tout à fait logique !

En Chine, il existe d’autres régions tibétaines en dehors de la R.A.T, cette dernière recevant l’appellation de Tibet central, et dont la capitale est Lhassa. L’autre Tibet, c’est ce qu’on appelle le Tibet oriental, composé d’une grande partie de la province du Qinghai, du nord et de l’ouest du Sichuan, du nord-ouest du Yunnan et d’une petite partie du Gansu. Au final, le Tibet oriental est presque aussi étendu que le Tibet central.

Carte du Tibet

En gros, le Tibet était traditionnellement divisée en plusieurs régions (culturelles plus qu’administratives) : au Tibet central il y avait la région de l’Ü qui est la vallée autour de Lhassa (et peut-être la vallée de Yarlung), Tsang la région de Shigatsé, la région de Ngari avec l’ancien royaume de Guge ; au Tibet oriental les deux grosses régions de l’Amdo au nord-est et le Kham à l’est. En 1905, vers la fin de la dynastie mandchoue des Qing (1644-1912), les seigneurs de guerre mandchous Zhao Erfeng et Zhao Erxun partent redécouper le Tibet. L’Amdo devient grosso modo le Qinghai, et le Kham devient le Xikang, province partagée en 1950 par le parti communisme nouvellement au pouvoir en deux régions : l’ouest du Xikang est rattaché à la R.A.T et l’est est intégré à la province du Sichuan.

En 1910, Zhao Erfeng atteint Lhassa avec ses troupes, provoquant la fuite du 13ème Dalaï-lama, mais cela ne va pas durer longtemps car après la chute des Qing en 1911, les troupes chinoises se retirent. Entre 1911 et 1949 (date de la prise de pouvoir des communistes contre le Kuomintang), la Chine n’a pas de contrôle sur le Tibet central. Quant au Qinghai, il est sous domination d’un chef de guerre musulman appelé Ma Bufang de 1911 à 1949 (c’est là qu’est né au passage le 14ème Dalaï-lama). Quand au Kham, les Chinois controllaient surtout la partie à l’est du Yangtsé (intégrée ensuite au Sichuan) alors que la partie ouest restait controllée par les Tibétains.

L’ensemble du Tibet central et oriental est appelé parfois Tibet historique, ou Tibet culturel. Parfois, on parle aussi de la région du Ladakh, appelée « Petit Tibet » dans le Cachemire (Inde). Je ne vais pas non plus entrer dans les détails des conflits de territoires entre la Chine et l’Inde, sachez aussi qu’on peut inclure l’Arunachal Pradesh, état sous souveraineté indienne, dans le Tibet. C’est de cette région qu’est originaire le 6ème Dalaï-lama, et la Chine revendique officiellement ce territoire. En 1914, pendant la conférence de Simla, un accord délimite la frontière entre le Tibet et l’Inde britannique par la ligne Mac Mahon, mais celle-ci n’a jamais été reconnue par la Chine.

Bref, on voit que le Tibet est un ensemble complexe de régions pas toujours très bien définies. Donc ceux qui veulent un Tibet indépendant vous déjà avoir du mal à en définir les frontières. Jusqu’où s’étendrait le Tibet ? C’est difficile à dire. Région autonome actuelle, ou Tibet historique. Et dans ce cas, la question est de savoir jusqu’où remonter dans le temps. Le Tibet a été unifié la première fois pendant le VIIème siècle par le roi Songtsen Gampo. Il conquit le royaume indépendant de Tuyuhun (qui est maintenant le Qinghai) et le Kham. Plus tard de nombreux conflits ont opposé les Tibétains et la Chine des Tang. À la fin du VIIIème siècle, les Tibétains prennent même la capitale des Tang (aujourd’hui Xi’an). En 783, un traité de paix sino-tibétain donne au Tibet le Qinghai et le territoire à l’ouest de la rivière Dadu, c’est à dire la partie ouest de l’actuel Sichuan. En 822 un deuxième traité confirme les frontières du moment comme les frontières entre les deux pays, et interdit la guerre ou la prise de territoire entre les deux parties. Ce traité de base fut respecté pendant des centaines d’années.

Pour revenir sur le titre « Un Tibet, des Tibet », il faut aussi préciser que le Tibet est à l’origine varié culturellement. On parle d’unification du Tibet en une « nation tibétaine » à la fin du XVIIème siècle, sous le règne du grand Vème Dalaï-lama qui a étendu son influence sur tout le Tibet (central et oriental) à l’aide de l’armée mongole. Il y a bien sûr des différences de cultures suivant les différentes régions, perceptibles dans l’habillement, les différents dialectes tibétains, etc. Dans le Kham particulièrement, ses habitants ont une forte identité et se disent être des Khampas. Ils ont resisté particulièrement à l’invasion chinoise, et encore aujourd’hui restent forts de caractère. C’est dans cette région aussi qu’on peut voir des photos du 14ème Dalaï-lama accrochées aux murs, alors que c’est impensable dans le Tibet central.

Économie du Tibet

Rappelons un peu ce qu’était le Tibet avant 1950. Concernant les infrastructures, c’était vraiment le moyen-âge. Par exemple, il n’y avait même pas de routes pour les voitures ! Il semble aussi que le pouvoir des Dalaï-lama ait freiné l’implantation d’industries au Tibet.

Le Tibet indépendant est pratiquement condamné à la pauvreté, tellement il n’y a rien au Tibet. Le Tibet paraît très grand sur une carte, mais il est vide essentiellement. Pour la R.A.T par exemple, il n’y a que 3 millions d’habitants pour une superficie grande comme deux fois la France. Il faut dire que les hauts plateaux au nord et au nord-ouest sont complètement déserts. Seules quelques vallées irriguées peuvent accueillir une certaines populations. Mais même Lhassa, avec son demi-million d’habitants, n’est pas impressionnante par rapport aux autres villes de Chine.

Carte de nuit

Le Tibet a tout pour être pauvre à la base : un climat et un relief difficiles, une position isolée, peu de ressources naturelles. Déjà pour ce qui est de l’agriculture, le climat froid et sec et le peu de terres arables fait que la production agricole est très faible. Les tibétains se reportent donc naturellement sur l’élevage de yacks et de chèvres ou moutons.

Si le Tibet était indépendant, je crois bien que ce serait un des plus pauvres pays du monde. De quoi tirerait-il richesse ? De l’uranium ? (il paraît qu’il y a beaucoup d’uranium au Tibet) Si un pays pouvait s’enrichir grâce à l’exportation de minerai, ça se saurait ! (voir par exemple le Niger). Le Tibet aurait-il la capacité et la technologie d’exploiter lui-même le minerai, ou bien les grandes multinationales se déchireraient pour obtenir des permis d’exploitation, au plus grand bénéfice d’elles-mêmes ?

Le tourisme resterait une option pour assurer un certain développement, et je suis convaincu qu’il y a largement matière à le développer, notamment au niveau des treks. Mais qu’en serait-il de la préservation de la culture tibétaine noyée dans le tourisme de masse ? Et l’ouverture dans un monde mondialisé n’est-il pas un plus grand danger pour son identité ?

Religion et laïcité

Vous le savez, les Tibétains sont majoritairement adeptes du bouddhisme tibétain. Dans mon précédent article, j’avais évoqué les différentes sectes du bouddhisme tibétain. Je rappelle que les Dalaï-lama constituent une lignée de réincarnation de la secte Gelugpa, secte dominante au Tibet aujourd’hui et ce depuis le XVIIème siècle. Avant 1950, le régime politique au Tibet était une théocratie féodale. Une théocratie car le Dalaï-lama concentrait à la fois les pouvoirs politiques et spirituels, féodale car le Tibet était divisée en sous-entités qu’on pourrait appeler royaumes.

La démocratie n’a donc jamais existé au Tibet. Je ne prétends pas que la démocratie soit nécessairement le meilleur régime qui existe en tout lieu et tout moment (d’ailleurs la démocratie comporte de très nombreux défauts), mais la théocratie féodale non plus. L’absence de séparation du pouvoir politique et du pouvoir spirituel pose aussi la question de la liberté individuelle vis à vis de la religion.

De façon raisonnable, le Dalaï-lama a renoncé en 1973 à l’indépendance du Tibet (il avait fui Lhassa en 1959) et plaide depuis pour une autonomie réelle. En 2011, il a enfin quitté ses fonctions politiques de chef du gouvernement tibétain en exil et déclare vouloir la démocratie pour le Tibet. Les prochains dalaï-lama (s’il y en a) n’auront donc qu’une fonction spirituelle.

Souvent, dans les reportages au Tibet, on aime insister sur le fait qu’il y a aujourd’hui beaucoup moins de moines qu’autrefois. Par exemple le monastère de Drépung accueillait plus de 15 000 moines avant 1950 contre quelques centaines aujourd’hui. Cela n’est pas forcément une mauvaise chose. Au lieu d’envoyer leurs enfants aux monastères, les parents préfèrent maintenant les envoyer à l’école. Et si la société de consommation est une menace pour la culture traditionnelle, elle l’est pour toutes les cultures partout dans le monde, et je ne conteste pas le droit aux jeunes tibétaines de porter des jeans, d’avoir un Iphone, etc.

Le Tibet restera chinois

Pour résumer, l’invasion chinoise a eu des aspects très positifs en terme de modernisation, comme le développement des infrastructures et l’établissement de la laïcité. Le Tibet aujourd’hui ne pourrait pas s’en sortir seul et d’ailleurs la Chine ne se séparera pas de ce grand territoire. Il avait été envahi au milieu du XXème siècle pour des raisons géopolitiques surtout, face à la Russie et à l’Inde, et si aujourd’hui le Tibet se séparait de la Chine, cette dernière serait confrontée ensuite à d’autres mouvements séparatistes comme les Ouïghours du Xinjiang et le pays imploserait complètement. Je reparlerai aussi des Ouïghours dans un prochain article.

À ceux qui dénoncent l’arrivée de Chinois au Tibet, je leur demande en quoi le multiculturalisme leur pose-t-il problème. Et si l’on doit dire « le Tibet au Tibétains », qu’on ose aussi dire « la France au Français » ! Si on veut préserver une culture ou une identité, il faut alors que chacun reste chez soi, ou que les migrants s’assimilent. Ce n’est pas le cas des Chinois au Tibet, mais ce n’est pas non plus le cas de la plupart des immigrés en France.

Mais alors, il n’y a pas de problème au Tibet ?

J’ai dit pourquoi je pense que le Tibet à davantage intérêt à rester en Chine pour des raisons économiques. Je n’ai pas pour autant nié les problèmes au Tibet. La Chine y a commis de nombreuses erreurs. Une des erreurs de la Chine est justement de violer la laïcité en voulant intervenir dans la vie religieuse. Remarquez qu’on ne pouvait pas en attendre moins de la part de communistes. Déjà lors de la Révolution française, qui est la première fois qu’un régime proche du communisme fut appliqué dans un pays, la constitution civile du clergé de 1790 faisait des curés et des évêques des fonctionnaires de l’état élus par les électeurs. Ce fut d’ailleurs une des causes des guerres de Vendée, qui s’est terminé en massacre avec la mort de 100 000 à 300 000 personnes en Vendée.

L’intervention la plus choquante de la Chine dans le bouddhisme tibétain a probablement été la nomination en 1995 du 11ème Panchen-lama (l’actuel), en dépit de la reconnaissance d’un autre enfant par les autorités religieuses tibétaines. Pékin a préféré imposé un choix par tirage au sort dans une urne d’or, contrairement à la tradition tibétaine. Je vous laisse regarder par vous-même les détails. D’ailleurs, Pékin veut de la même façon imposer l’ordination de prêtres catholiques, provoquant un conflit avec le Vatican. Il y a aujourd’hui en Chine une église officielle et patriotique, et une autre clandestine.

Je ne vais pas m’étaler sur les problèmes au Tibet, ce n’est pas le but de cet article et chacun peut faire des recherches par lui-même. Et c’est à la Chine de régler elle-même ses propres problèmes, sans ingérence d’autre pays.

Pour conclure sur le Tibet, la meilleure façon de s’en faire une idée reste quand même de s’y rendre. Je vous invite à y aller si vous en avez l’occasion. Le Tibet est une très belle région autant par ses paysages que par sa culture, et j’espère que le Tibet parviendra à continuer sa modernisation tout en préservant sa culture.

6 réflexions au sujet de « Mon avis sur le Tibet d’aujourd’hui »

  1. La modernisation ‘est pas forcément une bonne chose.
    Plus d’infrastructures = plus de gens
    Plus de gens = plus de pollution
    Donc non ce n’est pas une bonne chose que le gouvernement chinois ait envahit le Tibet. Tout ce qu’il cherche c’est à exploiter les ressources naturelles du Tibet et polluant tout. La Chine ne peut même plus respirer à cause de cette stratégie consumériste qui pollu l’air et l’eau. C’est pas la peine qu’elle fasse la même chose au Tibet.
    Vous avez toujours le même avis depuis 2014?
    Personnellement je n’irai pas au Tibet même si cette région de passionne. Parce que tout ce qu’on gagne à aller là bas c’est se faire lobotomiser par la propagande chinoise.

    1. Votre commentaire commence bien. Il est exact que la modernisation n’est pas forcément une bonne chose. En tout cas, vous m’accorderez qu’il est plus facile de dire cela lorsqu’on a soi-même accès à des infrastructures modernes de qualité. Je pense aussi comme vous que l’accroissement de la population au delà d’une limite raisonnable n’est pas une bonne chose, notamment pour le partage des richesses et vis à vis de la pollution. Je suppose que vous soutenez comme moi la politique de restriction des naissances en Chine.
      Dans mon article, je parle aussi d’un autre élément, pour moi tout aussi important, c’est que les Chinois ont permis de mettre fin au régime théocratique du Dalaï Lama. En Occident, il apparaît comme un gentil bonhomme, mais il ne faut pas oublier que le Tibet était tout sauf une démocratie, et qu’il n’est pas évident que les gens y vivaient mieux avant qu’après.
      Enfin, il n’est pas exact de réduire les objectifs de la Chine au Tibet à l’exploitation des richesses. L’invasion du Tibet a aussi des raisons historiques (le Tibet avait déjà été un protectorat sous l’empire Yuan mongol puis sous la dynastie Qing mandchoue) et géopolitique (face à l’Inde et à la Russie).
      Votre vision sans nuance démontre que vous connaissez très mal la Chine et le Tibet, je vous invite justement à venir voir par vous même ce qu’il en est.
      Je ne pense pas que vous sachiez décrire une réalité concrète derrière les mots « propagande chinoise », je vous rappelle que la Chine n’est pas la Corée du Nord.
      L’objectif de mon article est justement de mettre un peu de nuance à la vision déformée que l’on peut avoir en France si on ne s’intéresse que superficiellement aux choses.
      Je précise que je suis tout de même farouchement anti-communiste, car c’est une idéologie meurtrière, qui limite fortement les libertés individuelles, qui est matérialiste et contre les religions. Cela n’empêche pas de pouvoir voir des points positifs à la conquête des communistes de toute la Chine. Comme vous le savez, l’armée de « libération » n’a pas fait que conquérir le Tibet, mais aussi l’ensemble de la Chine actuelle. Je parle d’ailleurs de cela pour la région de Liangshan, dans laquelle j’habite, dans d’autres articles. Je dénonce cette action des communistes au sens où ils ont commis de nombreux crimes ici, toutefois ils ont permis aussi d’abolir l’esclavage qui existait chez le peuple Yi.
      Vous voyez, on peut avoir une pensée plus équilibrée que de faire une démonstration de trois lignes en concluant par « donc ce n’est pas une bonne chose ». Connaissez-vous le conte zen « le fermier et le cheval » ? Si non je vous invite à en prendre connaissance. Sa morale, humble, ce résume par « je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose ».

  2. Je trouve votre analyse intéressante car vu sous un angle atypique. Cependant, elle me semble tout de même oublier la manière meurtrière dont la Chine a envahit le Tibet et comment elle tente de formater le peuple Tibétain tout en lui retirant ça culture/ces racines.
    Je trouve tout de même choquant que vous compariez l’immigration en France avec une l’invasion Chinoise. Je pense qu’il y a 2 poids, 2 mesures entre les deux. Je suis d’accord pour dire que le pluri ou multi culturlisme est une richesse mais je ne pense pas que l’objectif de la Chine est de conserver la culture Tibétaine mis à part pour le tourisme que cela suscite au regard de la fascination de nombreux occidentaux envers le Tibet et ça culture.
    Enfin, je serai curieux de savoir ce que vous pensez de l’article ci-après :
    www. tibet-info.net/www/Au-Mont-Kailash-l-argent-est-le.html#.Vo6jmfnhCUk

    1. Merci Lucas pour votre commentaire. Je n’ai pas nié qu’il existe des problèmes au Tibet, et comme vous l’avez compris le but de mon article n’est pas d’encenser la politique chinoise, mais c’est d’apporter un peu de nuance à la vision simpliste que l’on a du Tibet en Occident.

      Quant à l’invasion du Tibet, je ne sais pas si elle est une bonne ou une mauvaise chose en soi : elle a été accompagnée de morts certes, comme toute opération militaire, mais elle a permis de mettre fin à un régime théocratique et féodal. Je ne pense pas que la Chine cherche à « formater le peuple tibétain en lui retirant sa culture / ses racines ». Peut-être pourriez-vous étayer votre thèse avec des éléments précis ?

      La raison pour laquelle je parle de l’immigration est simple : en Occident on semble parfois refuser le droit aux Chinois de venir s’installer au Tibet (on critique le fait que des Chinois viennent « coloniser » le Tibet). On dirait que certains voudraient que le Tibet soit ethniquement pur pour conserver son identité. Je réponds à ceux-là : si vous voulez un Tibet sans aucune présence chinoise, est-ce que vous voulez aussi une France sans aucun étranger ? Autrement dit se pose la question de l’identité des peuples et de sa conservation, dans le contexte d’un monde où les échanges sont de plus en plus nombreux : faut-il se fermer complètement aux autres pour conserver son identité ? Faut-il assimiler les nouveaux arrivants ? Ou bien toute culture est-elle à gommer car elle est la racine d’un odieux nationalisme ? Je laisse la question ouverte, chacun se fera son opinion…

      À quel point de l’article souhaitez-vous que je réagisse ? Si vous souhaitez mon avis sur la « privatisation » du mont Kailash, je vous répondrai que le phénomène de marchandisation de la nature n’est pas du tout nouveau en Chine, et ce n’est aucunement spécifique au Tibet. Dans un autre de mes articles, je parle d’un trek dans le désert de Gobi. Et bien il y a une agence qui paye des droits au gouvernement pour avoir le monopole de l’exploitation touristique de cette zone. Il existe de nombreux exemples et il n’est pas illégitime de le déplorer. Après, on peut entrer dans un débat philosophique sur la notion d’exploitation privée d’un lieu naturel. Par exemple, que pensez-vous de la privatisation des plages en France ? Ou bien des domaines skiables pour lequels l’accès est payant ? À mon sens, c’est la même problématique…

      Par ailleurs, le site qui publie cet article est partial : il est ouvertement pro-tibétain. Il a comme sources le gouvernement autoproclamé du Tibet en exil, des associations politisés ainsi que des internautes, illustres inconnus. Il ne faut donc pas tout prendre pour argent comptant ! Je conteste d’ailleurs la façon dont sont présentés les faits dans l’article. L’article sous-entend que l’accès est fermé aux Tibétains et ouvert aux Chinois et ose même parler d’apartheid. En fait, si on lit bien on apprend que chacun pouvait participer à la kora du Kailash pendant Saga Dawa, à condition de passer par une agence agréée. S’il existe une discrimination, elle est donc bien économique, et non pas d’ordre ethnique, culturelle ou religieuse. Pour l’histoire des quotas, il doit y avoir une raison, et a priori pas économique. Quel intérêt économique en effet aurait une agence à limiter le nombres de voyageurs et donc limiter son profit sachant qu’elle a de toute façon le monopole ? Je n’ai pas la réponse…

  3. Vous dites tout et son contraire. vos écrits sont un tissu de contradictions : tantôt pour les tibétains, tantôt pour les chinois…
    En quoi cela vous dérangerait-il que la chine « implose » ? Personnellement, j’en serais ravi. Cela libérerait peut être les peuples mongols et ouïgours dans la foulée, honteusement exploités par les chinois, au même titre que les tibétains.
    Vous êtes bien un occidental qui parle, et reste surtout confortablement chez lui.

    1. Chère Suzel Schmitt,
      Vous avez votre avis, et j’ai le mien. Le mien s’appuie sur une expérience du terrain, ne vous en déplaise. Je crois que vous avez mal regardé mon profil, et c’est bien la première fois qu’on dit de moi que je suis « occidental qui parle, et reste surtout confortablement chez lui ». Cela fait 6 ans que je vis en Chine, je ne vis pas dans le Lot-et-Garonne. Et je ne fais pas partie de expatriés avec un contrat en or, qui restent entre eux et ne parlent pas chinois même après 10 ans. La lecture de mes autres articles vous en convaincra.
      Les commentaires sont une façon asymétrique de communiquer. Écrivez un article où vous donnez votre avis (et surtout des arguments) sur le sujet et nous en discuterons après.

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